mardi 16 octobre 2007

« François, moi…et mon corps éparpillé sur le seuil »


«François, moi…et mon corps éparpillé sur le seuil»

Une nouvelle de Hayet Errayes
Traduite de l'Arabe par Saïd M. Jendoubi

Le marbre de la vieille maison, somnole avec quiétude sous la fraîcheur et le calme d’un toit que les secrets ont fini par rendre opaque. Le soleil aoûtien qui brûlait le patio de la maison, le laissait indifférent. L’enfer était tout près, là, furtif, derrière les portes… impatient… il guettait celui qui commettrait ce péché…


Et moi, comme lui, j’attendais… impatiente… mais je m’interdisais de commettre le plus beau des péchés… sauf si cela était avec toi…

Agitée, je traîne mon corps d’un lit l’autre, et puis je me laisse tomber par terre, à même le marbre froid… je l’envie pour son somme… un doute m’empêche de dormir : personne ne t’a vu, hier, alors que tu pénétrais chez moi ?

C’est que l’ « autre » est un enfer toujours aux aguets, quant aux portes entrebâillées… il rode autour des hautes enceintes… et tend l’oreille aux causeries des patios clos… l’enfer est plus miséricordieux, car c’est un projet éternellement différé…

Cela fait des années que je fais passer en cachette, ta souffrance et ta joie, comme je fais passer tes lettres et tes photos d’un tiroir à l’autre, je couvre l’étincelle qui réside au fond des yeux et je presse le battement du cœur…

C’est que la tribu ne s’est pas imprégnée de l’odeur de la paix depuis que celle-ci s’est répandue avec le secret de Layla Al-Akhyaliya, de Layla Al-Amiriya et de Bouthayna… de celles qui ne furent pas touchées par le luxe de la folie, et ne goûtèrent point les délices des errements à travers les déserts… mais elles se sont contentées d’avaler, jusqu’à l’agonie, les braises de leur amour. Les poétesses qui eurent l’audace et franchirent les seuils de l’aveu se sont immaculées du sang des mots, leurs cœurs se sont alors tus ainsi que leurs souffles, et de leurs poèmes rien ne nous est parvenu…

Qu’ils sont dures les maux du silence… que c’est dur d’aimer en silence… de divaguer en silence… de mourir en silence…

Seul l’enfer connait la brulure du silence… et connaît les souffrances de la dissimulation de l’odeur d’un homme qu’on aime… car seul l’enfer exhale des histoires des amoureux, des secrets des passionnés et des récits des amants…

Mon corps avait contenu tous les brasiers, et ma main qui tenait son secret s’est enflammée… j’ai baissé mes cils sur l’embrasement violeur des secrets…

Je me retourne sur le marbre froid… je tâtonne des bouts des doigts les lignes de ses fissures sinueuses… je chuchote à ces fissures qui ont raison de sa fermeté. Je colle ma joue contre son parterre, un gémissement du passé s’accroche à mon oreille… de ses fissures suintent les temps passés… partis sans un regard de nostalgie…

Le marbre tatoué par l’hémorragie du passé, enlace les battements d’un cœur meurtri. Nous posons la tête sur nos blessures, et nous nous endormons comme deux amis réunis par le même coup… un fil secret nous réunit et, file tel un silence habité par l’hémorragie du temps. Je fermai les yeux : « le marbre blanc s’est alors noyé dans du sang chaud… un sang s’est répandu dans l’indifférence de tous, tel le sang d’un martyr tombé dans des contrées étrangères… les fissures se sont ensanglantées, sans pour autant s’assouvir… c’est que la vengeance entre la blessure et le temps est ancienne… et la douleur est aussi lourde que le poids du temps pesant sur un dos brisé par le secret ».

Ce seuil là, avait consacré notre première rencontre à Tunis :

Lorsque je lui ouvris la porte, il jeta ses valises dans le patio, et m’attira vers lui… il était plein et grondant tel des vagues ayant parcouru les sept mers pour se disperser enfin en bruine humide sur ma poitrine… François m’embrassa, faisant fondre le solide marbre sous nos pieds… la vie a cessé d’être dure… les distances se rétractèrent, le ciel s’inclina, le temps se détendit et le dieu pardonna…

Lorsque je balançai ma tête laissant à ses lèvres le soin de trouver le chemin vers mon cœur… ses battements vibraient comme l’aile d’un oiseau égayé qui venait de retrouver son nid après un long égarement… avec ses palpitations, j’entendis des pas derrière la porte… éloignée des regards indiscrets, je vis l’œil de l’espion se faufiler à travers le souffle de l’air, sortir des trous des serrures et des fissures des murs, pour altérer le rythme de mon cœur… « Impossible qu’il soit passé avec ses valises, dans ces ruelles, sans que leurs yeux à elles ne le détectèrent à travers les trous des serrures ».

Soudain je fus traversée par les brises fraiches et mélancoliques de l’automne ; tandis que le printemps fleurissait en lui…

J’essayai de jeter le monde derrière mon dos, comme lorsque nous nous rencontrions à Paris et que j’étais entièrement à lui. Je trouvai, alors, le monde pesant tel le temps… tel le péché…

J’essayai de glisser sous sa peau… d’échanger mon sang terrifié contre le sien, « blanc » et à propos duquel il n’a de compte à rendre à personne… de débarrasser mon sang des remugles de l’antique terreur ; celle qui exhale les flammes de la tribu… difficilement je gainai ma tête dans sa poitrine…

François était plongé dans une prière vouée à son cœur, à ses sentiments et à ses sensations ; tandis que j’étais dispersée sur le seuil, une partie de moi était à l’intérieur, alors que l’autre était au dehors…

Il semble que nous n’appartenons pas au même seuil, au même climat ni à la même Histoire…

Mais François, pareil à un dieu jugeant – pour arrogance - une de ses créatures, me jugera plus tard, sur cette dispersion, et sur le fait de m’être arrêté de « prier ». Il sentit, avec l’intuition, toute pureté, du soufi amoureux, que je n’étais pas entièrement pour lui et, que ma présence dans son sang chaud n’était pas limpide… comment pourrai-je le convaincre que mon sang contaminé par les virus hérités de la tribu est le même que celui qui brule d’envie de le retrouver ?

Pour lui, ce serait difficile à comprendre !


" أنا و فرنسوا ....
وجسدي المبعثر على العتبة "

قصة قصيرة بقلم : حياة الرايس

مرمر البيت العتيق يغفو مطمئنا تحت برودة و سكون السقف المعتّم بالاسرار، غير مكترث لظهيرة أوّسو التي تستعر في صحن الدار ....فجهنم على العتبات تنتظر وراء الابواب تتلصص .....تتلهف ....تنتظر من سيرتكب تلك المعصية .......
و انا مثلها أنتظر.... أتلهّف.... و لكن امتنع عن إرتكاب اجمل المعاصي إلا معك .....
أتقلب بجسدي من سرير الى سرير ثمّ أرتمي على أرض المرمر البارد ...طامعة في إغفاءة مثل إغفائته ...يساورني شك يفسد عليّ نومتى : هل لمحك أحد البارحة و أنت تدخل عندي ؟....
ف "الآخر" جحيم مترصد بالابواب المواربة ...يطوف بالاسوار العالية... و يتنصت أحاديث السقائف المغلقة ... و أرحم منه جهنم لانها مشروع مؤجل الى الأبد ....
قضيت سنين أُهرّب ألمك و فرحك كما أهرب رسائلك و صورك من درج الى درج و أُطبق على الألق الساكن في العيون ... و أضغط على النبض الخافق في القلب ...
فالقبيلة لم تعبق قط برائحة الأمان منذ ساح بها سرّ ليلى الأخيلية و ليلى العامرية و بثينة ....ممّن لم يمسّهن ترف الجنون و لا تمتعن برحمة التيه هائمات طليقات في الصحراء ...بل إكتفين بإبتلاع جمرات عشقهن غصصا ... فالشاعرات اللوّاتي تطاولن و عتّبن رقعة البوح تخضبن بدماء الكلمات فسكتت قلوبهن و انفاسهن و لم تصلنا أشعارهن أبدا
ما أصعب أوجاع الصمت... ماأصعب أن نحب في صمت ...ان نجن في صمت ...ان نموت في صمت ...
وحدها جهنم تعرف حرقة الصمت... و تعرف عذابات إخفاء رائحة رجل نُحبّه ...لأنها وحدها العابقة بأخبار المحبين و أسرار الموّلهين و قصص العاشقبن ....
لقد حوى جسدي الحرائق كلّها و إلتهبت كفي الماسكة على سرّه ...و اسدلت الجفون على الوهج الهاتك للأسرار ...
أتقلب على أرض المرمر البارد ...أتحسس بأطراف أصابعي خطوط شقوقه المنعرجة ...أُسًر لهذه الشقوق التى ُتكسر صلابته ،.أُلصق خدّي ببلاطه فيتسلق الى أُذني أنين الماضي ينز من بين شقوقه على أيًام ولًت و رحلت دون إلتفاتة حنين ...
يحتضن المرمر الموشوم بنزيف الماضي دقات القلب المكلوم ،نتوسد جراحنا وننام كصديقين ينتميان الىنفس الطعنة ،خيط سري ّيجمع بيننا يسري صمتا مأهولا بنزيف الزمن ...أغمضت عينيّ : "فغرق المرمر الابيض في دماء ساخنة ...ساح دم لا يكترث له أحد كدم شهيد في بلاد غريبة ،تضمّخت الشقوق بالدماء دون أن ترتوي ... فالثأر قديم بين الجرح و الزمن ... و الوجع ثقيل ثقل الدهر على ظهر مقصوم بالكتمان "
تلك العتبة كانت قد لقاءنا الاول بتونس :
عندما فتحت له الباب رمى حقائبه في السقيفة و سحبني الى صدره ...كان ممتلئا و هادرا كأمواج قطعت البحار السبعة لتتلاشى رذاذا رطبا على صدري ....
ظمّني " فرنسوا " حتّى ذاب المرمر الصلب تحت أقدامنا ...تراجعت الدنيا عن قسوتها ....تقلّصت المسافات و إنحنت السماء و إنبسط الدهر و غفر الاله ...
عندما ألقيت رأسي على كتفه أدركت كم انا متعبة و مكابرة ....
ألقيت رأسي و تركت شفتيه تتحسّسان الطريق الى قلبي ...كان نبضه خافقا كجناح طائر مقرور وجد عشّه بعد طول ضياع ...مع نبضه سمعت وقع خطوات وراء الباب ...غائبة عن العيون رأيت عين الرقيب تتسلل مع انفاس الهواء، تخرج من ثقوب الابواب و من شقوق الجدران ...لتفسد إيقاع قلبي ...:"من المستحيل ان يكون قد مرّ بالزقاق و بحقائبه دون ان تضبطه عيونهنّ من وراء ثقب الابواب "
إخترقتني فجأة نسائم خريفيّة باردة و موحشة ...بينما كان الربيع يزهر في داخله ....
حاولت ان أرمي العالم وراء ظهري كما كنّا نلتقي في باريس و اكون له وحده فوجدت العالم ثقيلا كالدهر ...كالذنب ...
حاولت ان انساب تحت جلده ...أن استبدل دمي المرعوب بدمائه "البيضاء " التى لم يحاسبه عليها أحد ...أن أصفّي دمي من روائح الرعب القديمة العابقة من السنة لهب القبيلة ....بصعوبة غمدت رأسي في صدره ...
كان "فرنسوا "غارقا في صلاة لوجه قلبه و مشاعره و أحاسيسه ...و كنت أنا مبعثرة على العتبة بعضي في الداخل و بعضي في الخارج ...
يبدو أنّنا لا ننتمي الى نفس العتبة و لا الى نفس الطقس و لا الى نفس التاريخ ...
لكنّ "فرنسوا " سيحاسبني فيما بعد عن ذلك التبعثر، عن ذلك الإنقطاع عن" الصلاة " كما يحاسب إله عبدا أشرك به .لقد أدرك بحدس العاشق الصّوفي الخالص أنني لم أكن كليّا معه و أنني لم أًسرِ صافية في دمائه الحارّة ...
كيف أقنعه ان دمي الملوّث بموروث فيروسات القبيلة هو نفسه المحترق شوقا للقائه؟
من الصعب ان يفهم

4 commentaires:

Anonyme a dit…

très beau texte... très belle traduction

Anonyme a dit…

récit magnifique racontant le problème des rapports entre les cultures

Anonyme a dit…

bravo pour la traduction;faut l'avouer que c'est pas facile la traduction de ce type d'histoire mais vous avez pu surmonter ces piéges linguistique !
Je te conseille de traduire une histoire courte en arabe de l'ecrivain "Hammadi birra" qui s'intitule "ali blek au pays des merveilles"
herisson_77@yahoo.fr

سعيد محمد الجندوبي a dit…

Cher Hérisson

je te remercie pour ta fidélité et pour les paroles élogieuses... pour ce qui est de Ali Birra et Ali Blek... pourquoi pas raconte-moi leurs anecdotes et moi je les écris sous forme de nouvelles!!!